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Robert Bourassa (1933-) Homme politique

Photo de Robert Bourassa

Ce diplômé de droit et d'économie enseigne dans plusieurs universités avant de poser sa première candidature lors des élections provinciales de 1966. Député du comté de Mercier pendant quatre ans, il devient chef du Parti libéral du Québec (PLQ) et le plus jeune premier ministre de l'histoire du Québec, 36 ans, en 1970. Élu sous la promesse de créer des emplois et d'améliorer la situation économique de la province, il met en branle le spectaculaire projet de la baie James. Son gouvernement fait également adopter le programme d'assurance maladie. L'émergence de crises majeures - octobre 1970, front commun syndical de 1972 - ne l'empêche pas d'obtenir une majorité écrasante aux élections de 1973. Un second mandat éprouvant, combiné à la décision du Parti québécois de ne pas faire campagne sur le thème de l'indépendance, pavent cependant la voie à sa défaite, en 1976. Battu dans sa circonscription, il quitte temporairement la politique et renoue avec le monde académique en Europe et aux États-Unis. Demeuré un ardent défenseur du fédéralisme, il s'implique activement du côté du Non lors de la campagne référendaire de 1980. Successeur de Claude Ryan à la tête du PLQ, en 1983, il propose à ses concitoyens une meilleure gestion des finances publiques et un développement plus soutenu du potentiel hydroélectrique de la province. Sa victoire lors des élections générales de 1985, malgré sa défaite personnelle dans la circonscription de Bertrand, couronne un des plus beaux retours de l'histoire politique québécoise. Son expérience l'aide à surmonter une controverse sur la langue d'affichage, en 1988, mais l'échec des ententes constitutionnelles de Meech et Charlottetown, la crise amérindienne de l'été 1990 et un ralentissement général de l'économie viennent obscurcir son second mandat (1989-1993). Sa santé chancelante le forcera à quittera la politique en 1993.


En référence: Michel Vastel, Bourassa, Toronto, Macmillan Canada, 1991, 244 p. Jean-François Lisée, Robert Bourassa et les Québécois, Montréal, Boréal, 1994, 2 v. Raymond Saint-Pierre, Les années Bourassa, Montréal, Éditions Héritage, 1977, 295 p. Gilles Racine, Les étapes inédites de l'ascension de Robert Bourassa, Montréal, La Presse, 1970, 23 p. Ouvrages de Robert Bourassa: Gouverner le Québec, Montréal, Fides, 1995, 305 p. Bourassa/Québec, paru en français et en anglais (1970), La Baie James (1979); James Bay (1973). Les années Bourassa: l'intégrale des entretiens Bourassa - St-Pierre, Montréal, Héritage, 1977, 295 p. Deux fois la Baie James (1981), Power from the North (1985), L'énergie du Nord: la force du Québec (1985), Le défi technologique (1985)
«...Homme de consensus et de discipline, attaché avant tout à son parti, il prend la décision de partir. À son temps et à sa manière, en pleine campagne fédérale. Il aura obtenu quatre mandats, un record inégalé depuis Duplessis, perdant et retrouvant la confiance des militants et des Québécois. En dépit des vicissitudes des dernières années, il restait la valeur la plus sûre des libéraux. Le moment est donc propice pour tirer sa révérence, sinon en pleine gloire, du moins avec le respect de son équipe et de ses concitoyens. Toute sa carrière, cet homme ambivalent, voire ambigu, sera resté insaisissable pour plusieurs. Par exemple, M. René Lévesque le qualifiait de « calmant ambulant », tandis que des anglophones le traitaient de « closet separatist », ce qu'il n'a jamais été, en dépit de ses entourloupettes de tacticien retors. Imbu du sens de l'équipe et de la solidarité, sans mesquinerie mais avec roublardise, le magicien fut souvent un illusionniste. Débonnaire, simple et sympathique. Il n'a pas attendu le vent froid de l'Histoire pour voir s'il n'y a pas encore une vie, hors sa politique tant chérie depuis 30 ans...»

Gilles Lesage, « Bourassa, le magicien habile et ambivalent », Le Devoir, 15 septembre 1993, p. A6.


«...Ce qui est particulièrement remarquable dans l'itinéraire politique de cet homme, c'est d'abord sa reconquête du pouvoir après en avoir été ignominieusement évincé neuf ans plus tôt, ensuite le fait qu'il a réussi à gagner le respect et l'affection d'une population qui n'éprouvait pour lui que mépris et détestation au moment de sa défaite. (...) Robert Bourassa a gagné le respect affectueux des Québécois parce qu'il s'est révélé dans son second règne un intendant dévoué, intelligent, prudent et fiable. Mais aussi pour une autre raison. Ses compatriotes ont fini par découvrir, sous son apparence souriante mais extrêmement réservée et contenue, derrière son discours souvent enjoué mais toujours rationnel et jamais émotif, un homme foncièrement bon, généreux, incapable d'inimitié ou de rancune, bref un être humain d'une noblesse d'âme exceptionnelle chez les chefs politiques qui ont réussi. »

Marcel Adam, « Naguère un politicien honni, Bourassa quitte dans l'affection et l'estime », La Presse, 16 septembre 1993, p. B2.


«...Sa décision était prise depuis quelque temps et il s'y est conformé. Cela reflète bien un des traits de sa personnalité : une fois sa décision prise, M. Bourassa ne change pas facilement d'avis. Cela paraît paradoxal pour un homme qui semble hésitant et lent à se brancher. Une fois qu'il a soupesé le pour et le contre et qu'il s'est enfin fait une idée, il n'en démord pas facilement, malgré les hésitations apparentes. M. Bourassa a toujours eu la hantise de se tromper en prenant une décision. Il sait que les électeurs, ceux du Québec en particulier, sanctionnent très sévèrement les erreurs des politiciens. Pour éviter de se tromper, il retarde souvent des décisions à la limite, jusqu'à ce que se dégage un certain consensus. Il trouve moins dommageable d'être accusé de laisser pourrir une situation que de se lancer dans une solution hâtive et risquée. La carrière de M. Bourassa est un exemple de courage et de persévérance. Sa réaction aux événements difficiles qu'il a rencontrés pendant ses 25 ans en politique active, dont 15 comme premier ministre, s'inspire du roseau plutôt que du chêne de la fable de Lafontaine. »

Michel Audet, « Une retraite bien méritée », Le Soleil, 15 septembre 1993, p. A14.


«...For a man who has come to epitomize passionless politics, it was a remarkable farewell. Throughout a quarter of a century of public life, Bourassa has recoiled in horror from all manner of public emotion. He summed up his credo a year ago, when he dismissed a question about his continuing battle with skin cancer by declaring that he « had not been elected to pour out the state of my soul ». That attitude has guided his career, producing a pragmatic, cautious, even colorless approach to politics. It has sometimes earned him contempt. More often, it has inspired grudging respect. (...) Beyond the partisan political calculations, there are compelling reasons why those who are concerned about the future of the country will regret Bourassa's exit. When he hands over power to his successor early next year, Canadian federalism will have lost a powerful voice in Quebec. While there may have been doubts about the Quebec premier's constitutional preferences in the past, his forthright defence of a united Canada in last year's constitutional referendum clearly established his federalist credentials. »

Barry Came, « Bourassa's legacy », MacLean's, 27 septembre 1993, p. 18.


«...There was great consistency in Robert Bourassa. For two decades, there was a striking gulf between the public and the private man. In public - particularly when speaking in English, where he seemed more wooden than when he was using French - he was cool, rational and phlegmatic; in private he was warm, witty and self-deprecating. There is a quality of intimacy to life in Quebec, and everybody knew that he was without malice, was generous to his adversaries (when he learned that Pierre Bourgault, the former separatist leader, had fallen on hard times in the early 1970s, he made sure that he got work as a translator) and he was never vindictive against those who had attacked him. But in fact, there was a third stage to Mr. Bourassa's political career. For 20 years, from the October Crisis until 1990, he built his political persona on the assumption that he would never have what most politicians crave: public affection. Although he was dubbed « the most hated man in Quebec » by a back-bencher in 1976, he had overcome that. Quebeckers had grown to respect him in a grudging way, impressed by the prudence, shrewdness and calculation that characterized his political style. But it was respect without warmth. In 1990, that changed. His public fight for his life against melanoma, which began in 1990 and was renewed in the fall of 1992, paradoxically gave Mr. Bourassa a visible confidence in who he is. »

Graham Fraser, « Bourassa not a man to bear grudges », The Globe and Mail, 15 septembre 1993, p. A1-A2.


«...On a souvent reproché à ce « prince de l'ambiguïté », ce « roi de l'esquive » ou ce « champion du compromis », comme on l'a appelé, son manque de vision et son pragmatisme à tout crin. Loin d'être le plus flamboyant des politiciens québécois, Robert Bourassa a sans doute été l'un des plus madrés, sous ses allures modestes et effacées. Le père du projet de la Baie James (...) a toujours été convaincu que le Québec devait « baser sa force politique sur sa force économique, plutôt que sur un concept abstrait d'indépendance » vouée à ne rester qu'une « coquille vide » si les hommes d'affaires ne parvenaient pas à s'emparer des leviers d'économie de la province. Il les y a aidés dans toute la mesure du possible, à partir de 1985 surtout, alors que les Québécois, encore mal remis des déchirements du référendum de 1980, au cours duquel la « souveraineté-association » fut rejetée, se détournaient de la politique pour se lancer dans les affaires. Sans craindre les ambivalences dont son peuple est coutumier, Robert Bourassa s'est souvent défini à la fois comme fédéraliste et comme nationaliste, persuadé que le Québec pouvait affirmer toutes ses différences dans le cadre fédéral canadien. »

Martine Jacot, « Un prince de l'ambiguïté », Le Monde (France), 16 septembre 1993, p. 9.

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