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Adélard Godbout (1892-) Homme politique

Photo de Adélard Godbout

Cet agronome de formation est ministre de l'Agriculture dans le gouvernement libéral de Louis-Alexandre Taschereau de 1930 à 1936. Lorsque ce dernier démissionne, il assume les fonctions de chef du parti et de premier ministre du Québec. Les scandales révélés par le Comité des comptes publics et la montée de l'Union nationale (UN) mettent toutefois fin à son court règne et à celui des libéraux qui dure depuis 1897 à Québec. Relégué à l'opposition, qu'il dirige à la suite des élections de 1936, Adélard Godbout profite des cafouillages de l'UN et de l'appui des libéraux fédéraux pour reprendre le pouvoir, en 1939. L'approche progressiste de son gouvernement est en évidence dans une série de réformes qui font époque - droit de vote aux femmes, fréquentation scolaire obligatoire jusqu'à 14 ans, Loi des relations ouvrières, création de la Commission hydroélectrique de Québec, etc. Les liens étroits de son parti avec les libéraux fédéraux dans le contexte de la guerre - controverse sur la conscription, entente fiscale avec Ottawa - nourrissent cependant les critiques de ses adversaires unionistes qui reviennent en force. Même si son parti arrive en tête avec 40 % des voix lors des élections générales de 1944, Godbout doit s'avouer vaincu face à l'UN de Maurice Duplessis qui obtient la majorité des sièges. Les deux hommes se font face pour un quatrième scrutin consécutif en 1948. Cette fois, Godbout perd sa circonscription de L'Islet par 40 voix et les libéraux subissent une des pires défaites électorales de leur histoire. Il sera nommé sénateur en 1949.


En référence: Jean-Guy Genest, Godbout, Sillery, Québec, Septentrion, 1996, 390 p.
«...Jamais homme public n'aura provoqué une telle unanimité. Adversaires et partisans confondent aujourd'hui dans un même éloge leurs regrets et leur estime. C'est que cet ex-premier ministre avait un charme personnel indéniable. Incapable d'en vouloir à personne, il oubliait vite les coups reçus et n'en donnait que de loyaux. De sorte qu'il n'avait vraiment pas d'ennemis. M. Godbout possédait à un degré supérieur plusieurs des dons et talents qui assurent le succès de l'homme public : bonté naturelle, psychologie des foules, éloquence chaude, facilité d'accès, intégrité de vie, etc. Peut-être cependant avait-il le défaut de penser tous les autres aussi honnêtes que lui et de faire confiance à l'excès aux profiteurs de la politique. »

Louis-Philippe Roy, « Un homme public intègre », L'Action catholique, 20 septembre 1956, p. 4.


«...Carrière brillante, dans une époque difficile et troublée, puisqu'il traversa la crise économique et la deuxième grande guerre. Elle mit en relief ses dons d'intelligence et de souplesse, comme son extrême simplicité, son éloquence et sa modestie. Et pourtant Adélard Godbout put-il donner toute sa mesure ? Si l'on examine la part de chance qui intervient dans toute vie humaine, on peut dire que cet homme fut comblé, et, en même temps traité par les événements avec la pire dureté. (...) Nous garderons le souvenir d'un homme probe et charmant, dont la carrière influença la vie politique du Québec, mais sur qui ont pesé des tutelles dont il n'a pu se dégager : d'abord celle d'un régime contre quoi la province venait de se révolter, puis celle du gouvernement central. Pourtant son oeuvre reste impressionnante, et ceux qui ont combattu plusieurs de ses idées doivent lui rendre hommage. Plus que la plupart des chefs d'État québécois, il eut le sens de la liberté et crut en la démocratie. Il servit ses convictions à ses risques et périls avec un talent et une conscience admirables. Avec lui, toute une époque disparaît pour entrer dans l'histoire. »

André Laurendeau, « Adélard Godbout », Le Devoir, 21 septembre 1956, p. 4.


«...M. Taschereau lui passa les rênes, sachant bien que l'intégrité de son successeur était de nature à servir les intérêts compromis du parti libéral. Malgré toute sa bonne volonté et son évidente bonne foi, M. Godbout n'était pas de taille à endiguer le raz de marée qui devait balayer la province. Il reprit néanmoins le pouvoir en 1939 à la faveur de la guerre et grâce à l'appui massif de ses amis d'Ottawa. (...) On ignore si le sénateur Godbout avait conservé quelque amertume de ses expériences politiques; fait assuré, il méritait mieux que l'opinion publique en a jugé. Professeur à la langue souple et nette, il était un orateur d'une rare distinction et à cet égard il demeure un exemple à suivre pour la majorité de nos politiciens. Il a accompli une oeuvre utile au service de notre agriculture. Ce n'est pas sa faute si les circonstances l'ont placé dans une situation pour laquelle il n'était pas préparé et dans un poste que sa modestie naturelle n'avait jamais convoité. Il laisse le souvenir enviable d'avoir été un grand honnête homme. »

R. D., « Le sénateur Godbout », La Patrie, 19 septembre 1956, p. 8.


«...Le futur homme politique était profondément attaché au sol; il l'est d'ailleurs demeuré toute sa vie, puisqu'après la défaite du parti libéral dont il était le chef, en 1944, il s'établit à la campagne, sur une riche terre couverte de vergers dans la région sud de Montréal. Comme le père était entré dans la politique et était devenu député à Québec, ainsi advint-il du fils il y a un quart de siècle. À peine familier avec les arcanes de l'Assemblée législative, il assumait le ministère de l'Agriculture. Il devait franchir une autre étape plus importante encore et diriger les destinées de la province de 1939 à 1944. Amis et adversaires, s'ils ont différé d'opinions avec lui, ont cependant toujours admiré chez lui l'homme. M. Godbout était de caractère doux, modéré, affable, sympathique, courtois. Pendant ses dernières années, il réalisait pleinement le titre de « gentilhomme campagnard » que l'on se plaisait à lui décerner. C'est cette dernière image qui restera dans l'esprit de tous...»

« L'hon. sén. Adélard Godbout », La Presse, 19 septembre 1956, p. 4.


«...Nous avons connu quelques hommes publics qui ne semblaient pas faits pour la politique. Le sénateur Godbout nous a paru être de ceux-là. Il y a goûté, à la politique, et on sait maintenant que ce n'est pas ce qu'il aima le plus dans sa vie. Ceux qui l'ont observé d'un peu près conservent l'impression que c'est à cause de son désir de travailler pour les cultivateurs surtout, qu'il consentit à accepter le ministère de l'agriculture. Et une fois qu'il eut le pied dans l'étrier, le cheval qu'il avait enfourché l'a conduit beaucoup plus loin. Entré dans la véritable fournaise politique à une époque difficile, en temps de guerre, il en accepta les devoirs, obligations et responsabilités. Et est-ce nécessaire de le dire - les déboires aussi ! Il eut sans aucun doute quelque consolation à ce qu'il nous avait confié un jour en parlant de l'ingratitude de cette carrière. Pour le reste, il n'était pas surpris, tant il est vrai qu'au début de sa vie politique, sa susceptibilité supportait difficilement la critique et encore moins les horions, ce qui est bien une preuve de ce que nous laissions entendre il y a un instant : il ne nous a jamais semblé fait pour la politique et sa nature d'homme calme, pacifique et pondéré s'accommodait mal d'une chose toujours à l'équerre ou en équilibre : la politique. Et de fait, si le sénateur Godbout a bien servi la politique, la politique, elle, l'a bien mal servi. »

Louis-C. O'Neil, « L'hon. Sénateur Adélard Godbout », La Tribune, 20 septembre 1956, p.3.


«...In the larger issues of administration, as premier of the province, he faced many difficulties, especially in the war years, and governed the province with a sense of devotion to public duty. Mild mannered and unassuming, he commanded much respect. Among the measures of his regime are two of enduring significance: votes for women (a measure he himself sponsored) and free and compulsory education for children up to the age of 14. Perhaps his tastes were never wholly for political strains and struggle. He held power and accepted defeat with humility - almost with serenity - as if his political career were only a phase in his life, and that his deeper and more congenial concern was with the touch of the soil, and the methodical effort to improve the methods and the results of the farmlands. »

« Senator Adelard Godbout », The Gazette, 20 septembre 1956, p. 7.

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