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Jacques Parizeau (1930-) Homme politique, économiste

Photo de Jacques Parizeau

Économiste de formation, il enseigne à l'École des hautes études commerciales et participe à titre de consultant et de conseiller à plusieurs réalisations d'envergure de la Révolution tranquille (nationalisation des compagnies d'électricité, création du plan de pension du Québec, de la Caisse de dépôt et de placement, etc.). Il joint les rangs du Parti québécois (PQ) peu de temps après sa fondation et est candidat défait lors des élections de 1970 et 1973. Lorsque le PQ forme le gouvernement, en 1976, le premier ministre René Lévesque lui confie les poste de ministre des Finances et du Revenu, ainsi que la présidence du Conseil du trésor. Toujours aux Finances pendant la crise économique des années 1980, il met en place le Régime d'épargne-actions qui sera salué comme une de ses plus grandes réussites. Son refus d'accepter la mise en veilleuse du projet souverainiste - le « beau risque » - mène à son départ du gouvernement, en 1984. Successeur de Pierre Marc Johnson, en 1988, il dirige le PQ lors des élections générales de 1989. L'échec des ententes constitutionnelles de Meech et Charlottetown, ainsi que la détérioration de l'économie, favorisent son avènement au pouvoir en 1994. Jacques Parizeau souhaite donner un nouvel élan au gouvernement (« L'autre façon de gouverner »), mais son objectif principal demeure la réalisation de l'indépendance du Québec. Fidèle à son engagement, il tient un référendum le 30 octobre 1995. Cette soirée est marquée par la défaite dramatique du Oui, ainsi que des propos controversés de sa part sur « l'argent et des votes ethniques » qui feront la manchette. Il démissionne ensuite de son poste de premier ministre. Auteur de nombreux textes et ouvrages, il continue de se passionner pour les questions économiques et demeure un des porte-parole les plus connus et les plus respectés du mouvement souverainiste.


En référence: Pierre Duchesne, Jacques Parizeau, Montréal, Québec/Amérique, 2001, 2 v.
«...Son bref passage à la tête du gouvernement du Québec prend fin sur une note amère. Quand la poussière sera retombée, quand on dressera avec soin le bilan au moment de son départ, on reconnaîtra son rôle énorme dans le processus qui vient de permettre au Québec de renouer avec son histoire, de rétablir son rapport de force avec un Canada qui le banalisait. M. Parizeau a redonné vie à un Parti québécois moribond, il a parlé de souveraineté avec clarté, il a changé un désert en voie praticable, avec une détermination admirable. Près de la terre promise, toutefois, il était devenu un frein au progrès du mouvement souverainiste qui avait besoin d'élargir la coalition, d'aller chercher les électeurs là où ils étaient, déçus du Canada mais désireux de conserver de véritables liens avec lui. Les « virages », il les a pris, mais contraint et forcé, mal convaincu. Il a évité le pire en acceptant de laisser Lucien Bouchard prendre la tête des forces du OUI, mais il était dès lors en position de faiblesse pour assurer la suite des choses au Québec. Il vient d'en prendre acte. »

Lise Bissonnette, « Monsieur Parizeau devait partir », Le Devoir, 1er novembre 1995, p. A6.


«...Ce qui était prévisible, par contre, c'est que ce valeureux chevalier de la souveraineté, depuis son long voyage en train vers les Rocheuses en 1969, ne s'incrusterait pas longtemps dans le décor dès lors qu'il n'a pu amener les siens à la terre promise ainsi qu'il s'y était engagé. Le seuil magique de la majorité lui ayant été refusé, une seule conclusion se faisait péremptoire pour lui: céder la place sans tergiverser, surtout avant qu'on ne lui montre la sortie. À l'évidence, il n'a pas voulu subir le supplice et le calvaire du père fondateur, René Lévesque, après la déroute référendaire et ses séquelles désastreuses sur tous les plans pour le Québec. Pas d'agonie cruelle pour Monsieur. Fidèle à lui-même, tel un croisé pur et dur, M. Parizeau n'a pas suivi M. Lévesque au Parti québécois, il y a 25 ans, pour le plaisir de faire de la politique, de goûter au pouvoir et d'administrer au mieux une province. C'est la souveraineté qui l'intéresse, pour ne pas dire la séparation, et rien d'autre. »

Gilles Lesage, «« Monsieur » tire sa révérence », Le Devoir, 1er novembre 1995, p. A1.


«...Jacques Parizeau aurait pu lui aussi sortir sain et sauf voire plus fort de cette incontestable victoire morale s'il ne s'était lui-même tiré dans le pied avec ses propos délirants sur le vote ethnique. Ses militants lui auraient été reconnaissants d'avoir momentanément cédé l'avant-scène à Lucien Bouchard pour sauver la mise. Sans se poser de questions sur son jugement et sa capacité de réagir sobrement devant un mauvais coup du sort. Malheureusement pour lui, il y a fort à parier que cette bévue restera longtemps dans les annales. Comme l'attitude mesquine de Claude Ryan, au soir du référendum de 1980. Et qu'elle reléguera dans l'ombre ses mérites indiscutables dans la renaissance d'un parti en perte de vitesse après le départ de René Lévesque et la relance d'un projet avorté, il y a quinze ans, et qu'il a presque, cette fois, réussi à mener à terme. »

Pierre Gravel, « L'hécatombe », La Presse, 1er novembre 1995, p. B2.


«...Politicien mal-aimé, jugé froid et hautain par la population, parfois gaffeur, il restera dans l'histoire comme un homme franc et fier. Rationnel, il aura poussé cette qualité jusqu'à son ultime sommet. (...) M. Parizeau s'était récemment décrit comme une sorte de portier, se contentant d'amener les Québécois à la souveraineté avant de passer rapidement la main à d'autres. S'il pouvait annoncer son départ même vainqueur, il ne pouvait éviter de décamper une fois vaincu. Il aura assumé ses responsabilités jusqu'au bout, malgré les putschs et les coups de boutoirs de ses alliés. Nationalistes et souverainistes lui doivent toute leur reconnaissance pour sa grandeur dans l'humiliation, quand Lucien Bouchard a pris les rênes de la campagne référendaire et transformé la déroute annoncée en une lutte d'une intensité incroyable. M. Parizeau a noté dans son discours d'adieu un haut fait d'armes dont il se montre à juste titre fier : les Québécois ont voté massivement, lundi. Près de 94% d'entre eux ont déposé leur bulletin de vote : la vigueur de notre vie démocratique lui doit bien un beau merci pour cette occasion! »

Raymond Giroux, « Jacques Parizeau, gaffeur, fier et rationnel », Le Soleil, 1er novembre 1995, p. A16.


«...Questions remain about how history will remember Parizeau, whose political career began behind the scenes as a bureaucrat during the Quiet Revolution. Is he a quitter or someone who stands up for his principles ? Hardline sovereignists laud him for reviving the movement after the PQ's 1985 defeat, bringing the dream to the brink of realization and proving wrong the naysayers on both sides who predicted his referendum would go down in flames. No one denies that Bloc Québécois leader Lucien Bouchard put the spark in Yes side's campaign, but there never would have been a campaign if Parizeau hadn't stood his ground. Critics chide him for flip-flopping on the referendum question, for wasting tens of millions of dollars on a vote that has left severe fissures in the province, for ignoring the province's finances and unemployment crisis since he came to power in September 1994. His bitter concession speech Monday night, in which he blamed « money and the ethnic vote » for his defeat, gave his enemies the chance to describe him as a demagogue. »

Andy Riga, « Parizeau never abandoned sovereignist dream », The Gazette, 1er novembre 1995, p. A8.

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