Jean-Jacques Bertrand (1916-) Homme politique

Ce diplômé en droit devient le gendre du conseiller législatif Louis-Arthur Giroux en 1944 en épousant sa fille Gabrielle. Candidat de l'Union nationale (UN), il enlève le premier de ses sept mandats consécutifs dans la circonscription de Missisquoi lors des élections générales de 1948. Il est ministre des Terres et Forêts (1958-1960), puis de la Jeunesse et du Bien-être social (1960), avant d'être candidat au leadership de l'UN contre Daniel Johnson, en 1961. Face à Johnson qui incarne la continuité, Jean-Jacques Bertrand se présente comme l'homme du changement. Il subit la défait à cette occasion. Identifié à l'aile progressiste du parti, il est nommé ministre de l'Éducation et de la Justice lorsque les unionistes reprennent le pouvoir, en 1966. Devenu premier ministre du Québec à la suite du décès de Daniel Johnson, en 1968, il poursuit dans l'élan de la Révolution tranquille mais se heurte à la question de la langue d'enseignement. Il la résout temporairement en 1969 avec la loi 63, permettant la liberté de choix des parents. Bertrand doit également composer avec du mécontentement à l'intérieur de son propre parti, même s'il sort victorieux d'une course au leadership l'opposant à Jean-Guy Cardinal et André Léveillé en juin 1969. La cuisante défaite encaissée aux mains des libéraux de Robert Bourassa, en 1970, met un terme au dernier gouvernement de l'UN. Jean-Jacques Bertrand demeure chef de l'opposition jusqu'en 1971. Il décède en 1973. Son fils Jean-François sera élu député du Parti québécois, en 1976, et sa femme Gabrielle représentera le comté de Brome-Missisquoi à la Chambre des communes dans les gouvernements conservateurs de Brian Mulroney (1984-1993).
Claude Ryan, « Jean-Jacques Bertrand », Le Devoir, 23 février 1973, p. 4.
«...Un homme intègre et loyal, un véritable démocrate, un apôtre de la tolérance et un profond patriote, tel est le souvenir que nous garderons de Jean-Jacques Bertrand. (...) Il demeura toujours simple, modeste, chaleureux avec tous ceux que les hasards de la vie mettaient sur son chemin. On ne sentait chez lui aucun goût pour les combines. Ce n'était pas un roublard. Il était plus à l'aise dans les contacts individuels que dans les grandes assemblées où son éloquence, un peu artificielle, le servait plutôt mal. Il était plus à l'aise également à son bureau de député, de ministre ou de premier ministre, où son seul souci paraissait être de régler les problèmes qu'on lui soumettait et de servir les siens. Il devait se révéler, en effet, un homme d'action et de décision, particulièrement au niveau des divers ministères dont il a eu, tour à tour, la direction. Il aura surtout laissé sa marque à la Justice et à l'Éducation. Son stage trop court au poste de premier ministre ne lui permit guère de donner toute sa mesure, quoiqu'on se rappellera qu'il parvint alors à abolir le Conseil législatif devant lequel ses prédécesseurs immédiats avaient été tout simplement impuissants. »
Vincent Prince, « Feu Jean-Jacques Bertrand », La Presse, 24 février 1973, p. A4.
«...Jean-Jacques Bertrand fut un grand Québécois et, si paradoxal que cela puisse apparaître, il était un ardent nationaliste qui croyait fermement à l'intégrité d'un bon fédéralisme canadien. En 1963, il avait décrit dans un discours la différence qui existait entre lui et les séparatistes. « Ils disent - Séparons-nous d'abord et alors nous rechercherons un terrain commun d'entente. » « Je dis - tentons d'en venir à une entente au lieu de nous lancer dans une aventure dont nous ne connaissons pas les issues. » Pour cela, Jean-Jacques Bertrand fut certes un homme contesté, vilipendé même par beaucoup de milieux. Il fut délaissé par quelques-uns des siens et ce ne fut pas là le moindre des déboires dont fut parsemée sa carrière politique et qui le plongèrent prématurément dans un profond isolement. Mais ce qui l'a sans doute consolé est le respect dont il est demeuré entouré par tous jusqu'à la fin abrupte de sa vie politique. Et c'est dans ce même esprit qu'il convient de s'incliner sur la tombe d'un grand serviteur de la chose publique québécoise à qui il a donné 25 années de ce qu'il pouvait avoir de mieux. L'homme fut certes un plus grand humain que le politicien ne fut un grand homme. C'est l'épitaphe la plus sincère qu'il s'est méritée. »
Paul Lachance, « Jean-Jacques Bertrand », Le Soleil, 24 février 1973, p. 4.
«...Jean-Jacques Bertrand always seemed a bit out of place in the rough-house of politics. A journalist once described him as « a Boy Scout in a den of wolves ». Yet public life has been the better for the quarter-century Mr. Bertrand spent in the Quebec legislature. When such men are willing to devote themselves to public life, it is still possible to look upon our political institutions with respect and confidence. (...) It was his undeserved misfortune to preside over a fractious party as it went down to a crushing defeat in the 1970 election. Mr. Bertrand bore this misfortune with a grace and courage that compelled the deepest admiration. He was Premier at a time of growing difficulties in federal-provincial relations and showed himself to be extremely responsible in his dealings with Ottawa despite the highly charged atmosphere in which he had to work. A staunch supporter of Canadian unity, he did his best to promote understanding between the French-speaking and English-speaking people of this country. »
« The good man in politics », The Gazette, 24 février 1973, p. 6.
«...By present standards of longevity, Jean-Jacques Bertrand died at an age when many careers are only beginning to reach their peak of accomplishment. Yet, at 56, he had already achieved a stage in politics that few are privileged to parallel. His was an extensive and difficult career, one that spanned both the Duplessis and post-Expos eras. And it is in many respects to his credit that he did not fit very comfortably into either. He was very much an idealist who disdained both the chicanery of the former, and the demeaning pressures of the latter. It was largely because he was a man of principle that he based his first bid for the leadership of his party on a platform of reform, and in the process alienated many of the old guard. It was that same respect for fundamental principle that contributed to his defeat as premier and party leader ten years later; he proved unable to control or approve of some of the nationalistic shortcomings which had developed within his own party. »
« J.J. Bertrand », The Montreal Star, 23 février 1973, p. A-8.